
Un aperçu ?
"Une jeune femme tape à la machine. elle semble écrire les souvenirs d'une autre femme, beaucoup plus âgée, qui raconte une vie entière. Cette vie enjambe la guerre, elle se déroule avant et après les combats, elle englobe une histoire d'amour; des joies, des larmes, l'intensité des jours. Mais, lentement, on comprend la réalité de ce qui se joue devant nous. C'est l’hiver 1942. La jeune femme qui écrit se sait condamnée parce que l'homme qu'elle attend n'est pas venu lui dicter les journaux clandestins qu'elle doit taper à la machine. S'il n'est pas là, c'est qu'il a été arrêté et qu'elle doit fuir. Mais, parce qu'elle l'aime en secret, elle décide de rester et d'écrire la vie qu'elle n'aura pas. Elle va faire exister cette femme tout près d'elle. Cette femme qu'elle ne sera peut-être jamais.
En écrivant Je danse toujours j'ai voulu mêler la densité d'un polar poétique à une plongée dans les beautés et les fragilités de la vie. La théâtralité de la pièce repose sur un compte à rebours, une attente inquiète du dénouement. Mais ce temps suspendu est gonflé de vie, c'est le souffle des souvenirs réels ou rêvés qui le tient en apesanteur. "J'ai des souvenirs d'avance", dit le personnage de Claire. Cette provision de souvenirs échappe à la nostalgie parce qu'elle est inventée au présent, elle est dans la tension, l'impatience du présent. Pour moi let h"âtre est cet art du présent et de l'urgence. Quelqu'un peut entrer à tout moment, il est urgent de résister par les mots, de dire ce qu'auraient été des enfants remontant de la plage, les lèvres violettes, de raconter ce que seraient les retrouvailles, les petites blessures qui tiennent en vie, les nuits d'été, la vieillesse...J'écris pour le théâtre quand les histoires ne pourraient pas être racontées ailleurs que sur une scène, dans l'incarnation d'un corps et d'une voix, par la rencontre avec d'autres artistes. Le début du travail avec Clémence Poésy, et le metteur en scène Etienne Guichard montre que la magie de cette rencontre est possible. Ils ont compris ce que devait être cette pièce, jamais une rêverie vaporeuse autour de la mémoire, mais une histoire d’amour de guerre, de suspens. Et cette émotion aura pour seules armes une voix et un plateau de théâtre."
Timothée de Fombelle
L'avis d'Etiene Guichard
"Timothée de Fombelle nous offre un texte court, magnifiquement ciselé. Une bouleversante déclaration d'amour au coeur de la guerre. Il fallait fuir. Claire choisit de rester, de dire, d'aimer. De faire comme si, l'homme qui doit venir la rejoindre sera bien celui qu'elle aime et qu'il viendra la disputer comme un amant qui a eu très peur pour elle. Elle écrit sur la même machine qui lui servait pour transcrire les messages de résistance qu'il lui dictait. Elle confie à cette machine, à ce feuilles de papier, e qu'elle ne se donnait pas le droit de lui dire dans ce contexte de résistance. Sait-elle exactement ce qu'elle fait ? Il fallait fuir, se sauvre. Est-ce un acte de résistance, d'amour, de désespoir ou plutôt d'espoir insensé. Dans le silence de l'attente, les craquements du parquet, les rumeurs de la rue, les crépitements du poêle, les pas dans l'escalier de l'immeuble et...Celui du bruit des frappes sur la machine à écrire. Ces frappes qui deviennent rythme, musqiue de la valse lente, des jours heureux rêves. Les mots se posent dessus...Après, parès la guerre...Il y a dans l'espace quelques éléments agencées comme un piège. La chaise, la petite table avec le paquet de fueille, la machine à écrire et surtout la porte derrière elle. Cette porte fermée sur l'espoir d'un effleurement qui l'annoncerait, lui l'homme aimé. Parfois des déplacements rapides, de la table au poêle, à la porte, à la fenêtre, coupés par des temps de suspensions. Des immobilités de bête à l'affut. Son présent est prisonnier de l'attente. Claire ne parle ce présent là pour conjurer la peur insidieuse. Ecrire, faire exister ce passé si récent, le début de leur histoire, son glissement dans la résistance, la cruauté des actes, la perte des proches et cette envie devivre, de vivre simplement. Quand le crépitement des frappes sur le clavier devient valse lente, elle peut alors se lever, danser comme une très vieille femme fragile et gracieuse qui contemple la vie pleine qu'elle a vécu. Elle vient au plus près du public, regarder comme dans un miroir, la vie qu'elle vient de faire exister. La porte s'ouvrira. On ne verra pas le visage de l'homme ennemi. Se sauver, il fallait se sauver. Dans un cercle de lumière ; la machine à écrire. Quelques feuilles couvetes de mots ont glissé sur le plancher. Le bruit des frappes doucement à nouveau comme un coeur qui ne veux pas s'arrêter de battre... "
Quelques petits grain de cultures...
- Etienne Guichard
Comédien, metteur en scène, auteur, directeur du Théâtre du Sable. Comédien au Théâtre du Campagnol de 1978 à 1985 où il participe à toutes les créations sous la direction de Jean-Claude Penchenat,, notamment Le bal (le spectacle et le film d'Ettore Scola). Il y réalise sa première mise en scène professionnelle L'arbre à soleil. -coproduction Théâtre du Campagnol/ Théâtre de la Guimbarde.
Puis il travaille en indépendant en signant de nombreuses mises en scènes pour le Théâtre de la Guimbarde (Centre Dramatique de Wallonie pour l'enfance et la jeunesse), pou le Centre Dramatique en Région Rurale et le Copion (Belgique), pour le théâtre du Tiroir (Laval) et le Théâtre du Merle Blanc (Rennes). Il fonde sa compagnie Le Théâtre du Sable en 1990 autour de l'idée de créer et de jouer pour tous les publics, d'être un outil de création au service d'une réflexion citoyenne. Avec le plus souvent des créations complètes (de l'idée à la mise en scène) le parcours du Théâtre du Sable s'est construit autour de l'envie de mettre en scène les questions qui préoccupent son fondateur. De l'éducation Un joueur de Flûte à l'héritage culturel Poussière. De l'obligation de rêver un monde ensemble KâO à la parole amérindienne Ma vie est ma danse du soleil. Toutes ses questions animent une quête du jeu, miroir de nos engagements, souvent dérisoires dans le monde d'aujourd'hui. Elles ont pris forme dans cette recherche d'un jeu direct et ludique, plaçant l'acteur au centre. Il met en scène sa fille Clémence Poésy pour la première fois.
- Tomothée de Fombelle
Né en 1973, il se passionne très jeune pour le théâtre et l'écriture. En 1990, il fonde Les Bords de Scène, compagnie qui sera le laboratoire de ses premiers textes. En 2001, est présentée à Paris sa pièce, Le Phare, au théâtre du Marais, avec le comédien Cléement Sibony. La pièce reçoit le prix du Souffleur. en 2006 et 2007, il publie son premier roman Tobie Lolness chez Gallimard Jeunesse. Ce livre en deux volumes sur un héros fugitif dans les branches d'un arbre est traduit dans vingt-neuf langues. Il a reçu une vingtaine de prix français et étrangers . Les deux volumes d'un autre roman., Vango, sont publiés en 2010 et 2011 par la même maison d'édition ; l'histoire traverse la première moitié du vingtième siècle et elle est traduit dans une douzaine de langues. A l'automne 2012, parait Victoria rêve ainsi qu'une préface pour la nouvelle édition du Petit Prince chez le même éditeur. L'écrivain continue à écrire pour la scène. Il collabore avec la chorégraphie Valérie Rivière pour laquelle il a signé deux spectacles de danse : Océan Air et la trilogie Chambre d'hôtel en 2011. En février 2014, sera crée Céleste ma planète par l'Orchestre National d’Île-de-France sur une musique de Sébastien Gaxie. Le texte de Je danse toujours est édité chez Actes Sud.
Petit grain de....
Talent ! Clémence Poésy habite la scène et la salle pendant toute la représentation. Elle captive, elle est juste, elle est simplement cette femme...Un mise en scène, une écriture et une comédienne hors du commun. L'envie, simplement, de leur dire Merci.
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